1 Cascapédia2 E Laforce3 Route abandonnée4 J Cartier5 Le Caribou6 Lac Américains7 Xalibu8 Parc Forillon9 Sandy Beach10 Percé12 Anse Blondel13 Carleton14 Parc Bic

Après ma courte nuit passée au lac Cascapédia, j’ai continué mon périple vers le Mont Albert, mont faisant partie des Appalaches, une chaîne de montagnes que je vous ai déjà évoqué (et dont nous reparlerons encore). Une fois équipé pour cette longue journée de randonnée, je suis parti dans les vastes forêts recouvrant la vallée. Les balades dans la nature canadienne sont sans pareilles, avec des sentiers entretenus si subtilement que la trace de l’Homme ne se sent que très peu. Cet équilibre entre la praticabilité et le côté sauvage est si justement préservé qu’on peut marcher des heures sur un sentier sans ressentir le besoin d’en sortir pour s’évader.

Sentiers gaspésiens
L’un des nombreux sentiers du parc national gaspésien

Le Mont Albert a été nommé ainsi par le géologue Murray : Lorsqu’il atteignit le sommet à la fin du XIXème siècle, le 26 août 1845, il a souhaité rendre hommage à l’époux de la reine Victoria, le prince Albert, dont c’était l’anniversaire. Le sentier qui mène au sommet est l’un des plus difficiles de la région avec celui du Mont Jacques Cartier, mais offre des paysages époustouflants.

Lorsque j’ai entrepris mon ascension du Mont Albert, j’ai croisé de nombreux sportifs participant à une course depuis plusieurs jours en Gaspésie : Land’s End. Une expédition qui traverse toute la Gaspésie sur le sentier principal que j’ai emprunté à plusieurs reprises durant mon séjour. A l’occasion de ce défi, des panneaux ont été disséminés le long de la montagne pour encourager les participants. On pouvait lire des citations telles que « La douleur, c’est la faiblesse qui quitte le corps » ou encore « La douleur est temporaire, l’abandon dure à jamais ». Et quand on commence à fatiguer, ce genre de messages tombe parfois à pic !

Perchés à 1154 mètres d’altitude, les quelques randonneurs se ravitaillent au sommet avant d’entreprendre la descente. J’ai décidé d’y installer mon trépied pour réaliser une courte timelapse le temps de manger. Malheureusement, le vent très fort en a décidé autrement et j’ai dû écourter ma séance photo. Ma passion pour la photographie a attisé la curiosité d’un randonneur québécois avec qui j’ai par la suite sympathisé. Après avoir appris que j’étais seul, il m’a gentiment proposé de me conduire à la Baie des Chaleurs. Cette étape étant la dernière de mon séjour, j’ai refusé pour poursuivre et profiter de mon road-trip en solitaire. Il m’a alors invité à passer quelques jours dans sa ferme près de Québec lorsque je rentrerai, où je pourrai déguster des produits locaux faits-maison. Malheureusement, le lendemain, mon téléphone perdra toutes ses données, y compris l’adresse de ce fermier québécois…

Mont Albert
Même à terre après un gros coup de vent, mon appareil continuait de capturer les hauteurs gaspésiennes…

Deux voyageurs venus de Chateauroux m’ont interpellé un peu plus tard, il faut croire que même à l’autre bout du monde, on retrouve des voisins ! Le québécois les avaient croisé et leur avait dit que je venais de la même région qu’eux…Un nouveau prétexte pour discuter. C’est dingue comme les voyages ouvrent le cœur des gens ! Ils m’ont prêté leurs jumelles pour observer deux orignaux sur le flanc d’une montagne au loin, mais je tremblais de froid et impossible pour moi de stabiliser ma vue…

Le soir, arrivé à ma voiture, j’ai voulu écouter un peu de musique mais mon téléphone n’avait plus de batterie. J’ai trouvé 2 campeurs sur le chemin qui ont bien voulu recharger mon portable dans leur camping-car. Lorsqu’ils sont revenus d’une veillée, ils ont toqué à ma vitre pour me le rendre, avec un petit cadeau en plus ! La femme m’a remis un « gâteau de l’amitié » et m’a expliqué que ce cake se transmettait d’amis en amis jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. J’étais le dernier maillon de cette chaîne et j’avais donc la dernière part.

Descente du Mont Albert
La boucle la plus longue permet de s’enfoncer dans une vallée où les sentiers terreux ont laissé place à de la rocaille où il est conseillé de surveiller où l’on met ses pieds…

Avec toutes ces rencontres, mon ascension du Mont Albert était loin d’être la randonnée en solitaire que j’imaginais. Je ne sais pas si c’est l’air des monts Chic-Choc dont émane des effluves paisibles et bienveillantes ou si c’est le fait d’être seul qui attire l’attention, mais ce road-trip avait décidément commencé sous les meilleurs hospices. Et dire que celui-ci ne faisait que commencer…

*Nom du morceau : Guardians of the woods, issu de l’album Tales From the Lost Kingdom, composé par BrunuhVille.

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