1 Cascapédia1 Albert3 Route abandonnée4 J Cartier5 Le Caribou6 Lac Américains7 Xalibu8 Parc Forillon9 Sandy Beach10 Percé12 Anse Blondel13 Carleton14 Parc Bic

« Rassasiez-vous ! Respirez profondément.
Contemplez les formes, les couleurs.
Ressentez le vent.
Ecoutez.
Humez tous les arômes.
Goûtez de tous vos sens. »

Aujourd’hui, je vous conte la matinée de l’une des journées les plus mémorables de mon road-trip en Gaspésie ! C’est tôt le matin que je décide de m’enfoncer un peu plus dans les monts du parc national. Un conseil qui m’a été donné à la fois par le fermier québécois et les voyageurs qui m’ont offert le gâteau de l’amitié m’a décidé à faire une ascension que je n’avais pas prévu en préparant mon voyage : Celle du Mont Ernest-Laforce. Cette montagne plus modeste (haute de seulement 820 mètres) accueille pourtant en son sein celui qui règne en maître sur le territoire de la péninsule, mais laissez moi reprendre cette excursion depuis son départ…

Ce matin là, le temps était maussade : averses parfois diluviennes et brouillard permanent. Autant dire que cela ne permettait pas de profiter de la vue pourtant décrite comme exceptionnelle, car depuis le sommet il est possible d’observer le Mont Albert mais aussi le Mont Jacques Cartier et le Mont Xalibu dont nous reparlerons. Fort heureusement, la contemplation du paysage ne faisait pas partie de mes priorités pour cette nouvelle randonnée en Gaspésie. Perdu au cœur du parc, Ernest-Laforce n’attire pas autant de touristes que le Mont Albert, mais est pourtant bien connu des autochtones. Ce lieu est un peu comme un bon coin à champignons : Les gaspésiens le connaissent bien mais ne veulent pas trop en parler pour éviter qu’on y pille ses richesses. Et c’est justement parce que le Mont Ernest-Laforce n’est pas très visité (très peu de voies d’accès, voies par ailleurs très longues et sinueuses constituées de terre battue, randonnée très facile, dénivelé inexistant, pas d’altitude…) qu’il est aussi intéressant : La faune, qui voit en ces lieux un coin à l’abri des touristes, peut prospérer et reprendre ses droits en toute tranquillité.

Les clairières d'Ernest-Laforce
C’est dans ces clairières qu’on rencontre souvent le maître de cette contrée…

C’est après une bonne heure de marche sous la pluie que je commençais à regretter mon choix de faire cette balade… Je scrutais les sous-bois alentours à la recherche de l’animal légendaire censé peupler les forêts de Gaspésie, en vain. Pourtant, il y avait bon nombre d’emplacements ressemblant aux clairières (voir la photo précédente) dans lesquelles il apprécie se reposer au soleil et où il peut brouter en paix. Mais les livres ne font pas tout, j’avais beau m’être documenté sur son comportant, pas moyen de le faire sortir de sa cachette. Et pour préserver sa tranquillité (recherchée en ces lieux pour les raisons évoquées précédemment) il est formellement interdit de quitter les sentiers pour aller à sa rencontre.

Je suis alors tombé sur 4 randonneurs qui revenaient d’une balade encore plus matinale. Ces randonneurs m’ont affirmé en avoir vu 7 autour du sentier… J’ai donc redoublé de prudence et de discrétion pour les dénicher. Et cette « traque » a été couronnée de succès très rapidement. J’ai enfin pu rencontrer l’un des animaux que je souhaitais le plus découvrir de mes propres yeux durant ce voyage… L’orignal ! Très présent sur le territoire québécois et particulièrement en Gaspésie, l’orignal est assimilé, à tord, au caribou. Le caribou est présenté comme l’un des symboles du Canada à l’international, mais l’apparence qui lui est attribuée est pourtant celle de l’orignal, qui peuple bien plus de forêts québécoises que le caribou (dont nous parlerons plus tard). L’orignal est bien plus imposant que le caribou, et possède un panache (les bois) différent.

La femelle orignale et son faon
La rencontre tant attendue avec une femelle orignal et son faon…

Vous remarquerez sur cette photo que ces orignaux n’ont pas de panache, tout simplement car seuls les mâles en possèdent. A chaque fois que je suis tombé sur un orignal (et non pas un original comme je le croyais à mon arrivée au Canada), il s’agissait d’une femelle. Et en cherchant un peu, on dénichait souvent son faon à proximité ! Les mâles partent plus en contrebas de la vallée pour protéger les femelles des coyotes et autres prédateurs, je n’ai pu en observer qu’un seul. Fort heureusement ce dernier était à une distance suffisamment raisonnable pour que je reste confiant sur la suite de ma balade. En revanche, les femelles et leurs faons étaient parfois très proches du sentier, à seulement quelques mètres de moi ! Face à cet animal à la carrure impressionnante, je n’en menais pas large, le moindre mouvement brusque pouvant représenter une menace pour leurs faons, je ne serais sans doute pas rentré dans le même état que je suis arrivé en Gaspésie…

Je suis pourtant revenu bel et bien entier, et avec des souvenirs plein la tête suite à ces rencontres magiques, malgré un temps bien triste. Cette pluie, couplée à l’heure très matinale de ma marche, a cependant permis d’éloigner les quelques touristes ayant entendu parler de ce coin, et seuls les habitants, qui respectent bien plus les lieux et la faune, sont venus à la rencontre des orignaux, évitant de les faire fuir et les laissant brouter en paix.

Cette journée magnifique ne faisait que commencer, et nous la continuerons dans le prochain article…

(Psssst… Regardez bien la première photo de l’article, l’avez-vous vu ?)

*Nom du morceau : Motions, issu de l’album du même nom, composé par William Lam.

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